samedi 24 novembre 2012

Un peu de politique ...

Salut tout le monde !
Les plus calés d'entre vous en actualité sont au courant, les autres l'apprendront probablement à travers cet article, le Ghana a connu il y a peu et connaitra d'ici peu quelques chamboulements importants.

C'était le 24 juillet 2012, nous étions rentrés du Togo quelques jours plus tôt, et j'étais officiellement un peu plus vieux depuis la veille. C'est alors qu'un ami ghanéen nous a appelé nous demandant :
- « Vous êtes au courant ? »
« Non ! »
« On est en deuil, le président est mort »
Après vérification, c'était bien vrai. John Atta Mills, président en poste depuis trois ans venait de décéder subitement. Nous n'avions donc plus de président...
Alors l'addition hâtive est la plus facile : pays d'Afrique + pas de président = hmmmm, pas cool !!!
Effectivement... ailleurs en tout cas, car s'il y a bien une chose pour laquelle le Ghana dépasse de loin tous ses voisins, c'est bien sa stabilité politique. Ici, les choses se sont passées dans un sérénité incroyable.
Les différents monuments et lieux publics du pays (statues, bâtiments administratifs...) ont revêtus leurs habits de deuil (tissus noirs entre autre) et le pays est doucement entré dans une période d'hommage au président défunt. Les conversations de trottoir ressemblaient à ça (désolé, je ne voudrais pas traduire, pour ceux qui ne comprennent pas, vous n'aviez qu'à bosser un peu plus à l'école;) :
Moi : « Hey, it's been a long time, how are you ? »
Pas moi : - Yeah, I'm OK, but you know I'm sad.
Moi (stupidement) : - really ? What's wrong ? 
pas moi – Our president's dead man ! »
Et c'est la chose qui m'a peut être le plus étonné, pendant l'espace de quelques temps la tradition du deuil, si présente ici, a complètement éclipsé toute appartenance politique. Les partis n'existaient plus...
De son côté, le gouvernement travaillait tranquillement, et en l'espace d'une journée, le vice président (John Dramani Mahama) devenait le vrai président, jusqu'à la fin du mandat prévu... Et à part la journée nationale d'hommage à Atta Mills (jour férié), l'affaire était oubliée en deux semaines ! La grande classe.
Puis le temps est passé doucement nous menant au mois de novembre, mois précédent l'élection présidentielle ! Nous y sommes, elles pointent le bout de leur nez, sereinement elles aussi !
Depuis quelques semaines maintenant, nous sommes donc rentrés en période de campagne intensive et les différents candidats, en particulier les deux favoris sont partout. Des petites posters d'eux sont collés sur chaque réverbère des avenues principales, des drapeaux des partis flottent sur ces mêmes réverbères, le sol, et surtout les sol bien propre de l'université sont décorés de posters à la gloire du candidats. Alors, concernant les posters, ils n'ont absolument rien de différents des nôtres... Je passe dessus.
La grande différence réside en particulier dans l'attitude des militants. Alors que chez nous, les militants tractent au maximum (entre autre bien entendu), ici, le principe du militantisme c'est de monter dans un bus, porter les couleurs du parti, avec des drapeaux, mettre la musique à donf, et faire le maximum de bruit pour se faire remarquer. C'est finalement un peu comme quand les black stars (foot) jouent...
Alors, j'avoue ne pas être exactement au courant de tout, malheureusement je n'ai pas très facilement accès aux journaux, et la radio est en majorité en twi (ou de trop mauvaise qualité pour être comprise en anglais), je suis donc pas un pro de l'élection ghanéenne. Il y a en tout cas 8 candidats, dont 2 grands favoris :
Le NDC (National Democratic Congress) est représenté par le président sortant John Dramani Mahama.
Le NPP (New Patriotic Party) est lui représenté par Nana Akufo-Addo (qui n'est pas une femme).
Il faut également savoir que ces deux partis représentent plus ou moins une majorité ethnique.... Les Akans (famille à laquelle est rattachée l'ethnie ashanti, dominante à Kumasi) ont plutôt tendance à voter NPP, les autres ethnies (Ewe, Ga) ont une légère préférence vers le NDC. Mais c'est une constatation très légère qui ne peut pas être comparée à d'autres pays (Centrafrique??).
Voilà, vous en savez déjà pas mal, je ne parlerai pas des programmes, car je ne suis clairement pas assez calé pour vous les présenter objectivement...
En tout cas, ces six mois auront été agités politiquement, et le seront encore jusqu'au 7 décembre, jour du premier tour (férié pour le coup). En tout cas, les choses sont très calmes, et tout cela se passe dans une vraie bonne ambiance. De notre côté, nous aurons, le temps de notre séjour, vécu sans président de la république pendant quelques heures, et vécu une présidentielle en terres étrangères. Bon bilan.

A bientôt

Sylvain et Caro

samedi 17 novembre 2012

Tut Tut!!

Bonjour tout le monde.
J'avais hésité à inclure le contenu de cet article dans le précédent sur la circulation. Je me suis finalement ravisé et ai décidé d'en faire un sujet à part entière.
En France, il est rarement utilisé, et peut même faire l'objet d'une amende dans le cas d'un usage intempestif. On se demande même parfois pourquoi les voitures en sont équipées...
Ici, par contre, les choses sont complètement différentes et aucun conducteur ne peut s'en passer. A croire que ça fait même partie du permis de conduite.
Vous savez sûrement à quoi je fais référence : le klaxon.
Commençons par une petite métaphore, les rues ghanéennes ressemblent tout à fait aux stades sud-africains pendant la coupe du monde. Vous vous souvenez, les organisateurs avaient eu la bonne idée de sortir des trompettes communément appelées vuvuzela qui rendaient fous les téléspectateurs. Eh bien voilà, ici pas besoin de la télé, il suffit de sortir un petit peu et vous y êtes ! Ca ressemble un peu à une fanfare de débutants, parce que, évidemment, ces fameux klaxons, dépendant du véhicule sur lequel ils sont installés (âge, état, taille, modèle) proposent une gamme de sonorités assez impressionnante ! Faut dire qu'entre un énorme camion qui fait sursauter tout ceux qui se trouvent à moins de 50m et un trotro fatigué, la différence est plutôt flagrante...
Alors, heureusement, pour améliorer les choses, certains taximen ont la bonne idée de changer leur klaxon. « Tuuuut !! » c'est pas assez original, et un peu monotone ! Alors on a parfois le droit à une petite mélodie. Ils aiment bien également les longs klaxons qui commencent très fort, et qui mettent un peu de temps à s'arrêter. Ceux-ci sont plutôt drôles, on croirait que quelqu'un est dans le moteur en train de presser le klaxon pour en sortir la dernière petite bulle d'air !
Alors certains d'entre vous me demanderont : « mais pourquoi ils klaxonnent? ». J'ai tenté, avec Caro, de faire la liste des significations habituelles des coups de klaxons au Ghana. La voilà.
Un coup de klaxon c'est d'abord destiné aux autres véhicules et leurs conducteurs:
-hey attention, je vais te doubler par la droite, donc ne te rabats pas
-hey attention, j'te double par la gauche, ne déboite pas
-Hoooooo ! le feu est passé au vert depuis au moins 3 seconde !! avance avec ton gros tas ! (le gros tas, c'est la voiture, pas la femme du conducteur à la place du mort hein)
-Hey taxi, ton feu est rouge, et maintenant t'es au milieu de l'intersection et moi j'peux pas passer, alors bouge toi avant que j'te rentre dedans
-trotro rouge, ouais, toi là, tu fais vraiment n'importe quoi !
-Fais gaffe, t'es en train de perdre ton pot d'échappement !
-Hey, tu fais la queue, comme tout le monde et t'arrête de nous gruger !
-Yo mon frère ! Ca fait une éternité ! Comment tu vas ?
-Attention, j'arrive à l'intersection, je roule un peu vite et j'ai la flemme de ralentir, alors ça m'arrangerait bien si vous ne grilliez pas le feu parce que sinon on va se rentrer dedans et il va y avoir du grabuge (en général, c'est le klaxon spécial nuit celui là, il est souvent accompagné d'une petite accélération du rythme cardiaque et d'une prière intérieure).
Alors, évidemment, les piétons sont aussi cibles d'une grande variété de coups de klaxons, en voici une petite liste:
-Hey Hey Hey, toi t'es blanc, t'as du pognon, tu veux pas monter dans mon taxi ?
-Hey hey hey, toi t'es blanc, t'as du pognon, tu veux pas monter dans mon trotro ?
-Hey hey hey, toi le blanc avec du pognon, monte dans mon taxi ! Le sien il est moins cool !
-Atteeeeeeeeeeentioooooooooon, ne traversez paaaaaaaaaaass, je passe !
-Yo mon frère ! Ca fait une éternité ! Comment tu vas ?
-T'es trop au bord de la route, j'vais te tailler un short mon gars, alors décale toi
-waouh la moeuf !
-Waouh le mec !
-« tuuut tuuuut », juste pour m'amuser !
-« tuuut tuuuut », juste par réflexe !
Cette liste est bien entendu non exhaustive et c'est à vous, chers lecteurs qui connaissez le Ghana, de la continuer. En tout cas, vous voyez qu'avec un petit son, on peut en dire des choses !! Faut un peu d’entraînement pour tous les comprendre, mais en tout cas, analyser les coups de klaxon lorsqu'on fait un petit tour en taxi, ça occupe, et c'est plutôt drôle.
Une chose est par contre certaine, lors de notre retour en France, si jamais vous êtes en voiture, et que vous nous voyez de loin, ne klaxonnez pas, cela n'aura absolument aucun effet sur nous ! Bien au contraire, on apprend au fur et à mesure à passer outre, et ne plus y faire attention, car, à trop l'utiliser, c'est comme tout, personne n'y prête plus guère attention.

Voilà, vous savez désormais tout sur les klaxons au Ghana, tiens j'en profite pour ceux qui n'ont jamais entendu parler de cette expression en anglais. Klaxonner se dit « to blow the horn ». Ca pourrait vous être utile un jour, qui sait ?

Tuuuuuuuuuuuuut tuuuuuuuuuuuuuut !

Sylvain et Caro.

dimanche 4 novembre 2012

En route...

L'expression « avoir son permis dans une pochette surprise » est désormais connue de tous en France. Si seulement ! Si seulement on savait qu'il y a des endroit où c'est effectivement le cas ! La seule différence, c'est que cette pochette surprise coûte un peu..
Vous l'avez compris, parlons un petit peu de la conduite ghanéenne. Mêmes voitures, mêmes infrastructures (à part quelques nids de poules supplémentaires ici), même signalisation... Tout est pareil ! Vraiment ?
Le Ghana, en tant que pays d'Afrique développé, voit son nombre de véhicules augmenter à vu d'oeil. Les anciens du pays nous raconte qu'il y a à peine 15 ans, Kumasi ne connaissait pas la circulation. Maintenant, ça a changé, et les voitures, camions, et autres scooters ne cessent d'arpenter les routes ghanéennes, de manière plus ou moins académique, certes, mais bon... peut on réellement leur en vouloir quand le permis s'achète, ou se passe sur un parking... Petit tour d'horizon des différences flagrantes... Et y en a un certain nombre !
Tout d'abord, comme c'est le cas en Centrafrique, ici, le piéton n'est pas le roi. Il n'a jamais la priorité, et après tout, s'il se fait renverser, ben c'est qu'il était au mauvais endroit. Il arrive donc très régulièrement de se faire frôler par les trotros et les taxis, en particulier sur les petits axes lorsque les véhicules roulent à petit allure. A force, on développe une compétence « compas dans l'oeil », pour savoir si ça passe ou pas. Révolue l'époque où on se jette sur le bas côté avec un soupir de soulagement. Mais ça nous arrive à tous à notre arrivée ! Si par contre vous êtes piétons et que vous souhaitez traverser une grande route, le premier conseil est de se rendre au passage piéton le plus proche et d'attendre que le feu soit rouge, sinon... utilisez vos mains et, l'espace de quelques instants, devenez flics. Bras tendu qui veut dire « hey mon gars, arrête toi, j'aimerais bien passer de l'autre côté, et si j'étais vivant quand j'atteins l'autre côté, ça serait mieux. Si la voiture semble réagir et freiner, c'est bon ! Vous pouvez traverser. N'hésitez pas à faire un petit geste pour dire merci, car ici, et surtout pour la conduite, interagir avec les mains, ça fait partie des règles.
Car vous ne le savez probablement pas, le code de la route ghanéen connait quelques différences par rapport à celui qu'on apprend lorsqu'on passe le permis en France. La règle des priorités est bien différente. Alors que chez nous, la droite est toujours la plus forte, ici, la priorité, c'est pour les axes majeurs. Donc finalement, si vous êtes sur une petite route et que vous croisez une plus grande route, ben vous n'êtes plus prioritaires. Le soucis, vous le comprenez. Parfois, les routes sont de taille égale, et si jamais il n'y a pas d'indication particulière (feu, panneau) vous vous débrouillez, et puis c'est tout !
L'autre grande différence dans le code de la route ici, ce sont les mains. Certains gestes définis font partie des règles. Lorsque vous êtes conducteur, si vous souhaitez qu'on vous laisse passer, lever l'index gauche hors de votre voiture (comme à l'école), et hop, c'est compris ! Faites le signe « peace » hors de l'habitacle, et la personne comprendra qu'elle peut s'engager. Soyez un peu polis non de non ! Levez la main gauche par la fenêtre pour dire merci !
En parlant de politesse tenez, disons que la courtoisie au volant n'est pas réellement l'élément prépondérant dans la conduite ghanéenne. Un certain de nombre de réactions considérées comme les pires incivilités en France sont d'ailleurs régulièrement employées.
Lorsqu'un obstacle se trouve sur votre voie et qu'on ne peut plus se croiser, on s'arrête et on laisse l'autre passer. Ici, tu fonces ! Avec un peu de chance, t'arriveras au niveau de l'obstacle avant l'autre et du coup tu passeras en premier ! Les camions sont les spécialistes pour ça, qui oserait les défier en un contre un ?
Même situation, même réaction. Si vous souhaitez changer de file (parce que votre voie disparaît par exemple), bon courage, car laisser passer quelqu'un devant soi n'est pas vraiment un truc ghanéen... et les gens accéléreront pour ne pas vous laisser passer. Soyez un fin stratège ! Mettez vous en travers de la route, de toute manière, une fois que votre capot est engagé, si vous bloquez l'accès de l'autre voie, vous avez gagné !!!
Dernier exemple, peut être pas le plus fréquent, mais, pour moi en tout cas, le plus désespérant. Vous souhaitez tourner à gauche au feu et vous vous mettez donc sur la file de gauche, en attendant que le feu passe au vert (qui est vert pour ceux qui passent tout droit). On ne peut même pas compter le nombre de véhicules qui vont tout droit, grillent toutes les voitures qui attendent de tourner, et qui lorsqu'elles arrivent au feu, se font une petite place dans la file... Finalement, être civilisé, c'est cool, mais ça fait quand même perdre du temps.
Les rond-points n'ont pas vraiment de règle, ce n'est pas parce qu'on est engagé qu'on devient prioritaires, et s'arrêter au milieu d'un rond point pour laisser une voiture s'engager est monnaie courante.
Toutes ces petits trucs posent quelques problèmes de... bouchons bien évidemment. Et c'est là qu'on se rend quand même compte que respecter le code de la route, ça fluidifie vachement la circulation. D'ailleurs, on se rend souvent compte que les moments où ça roule le mieux, il y a des policiers en charge de la circulation... Hmmm, étonnant !
Les ghanéens sont par contre à l'origine d'une invention géniale, un peu dangereuse, mais qui fonctionne bien : la deux voies modulable.
Que ça soit pour se rendre à Accra ou à Cape Coast, nous devons emprunter pendant de longues heures une des routes principales du Ghana qui est une deux voies (1 voie dans chaque sens). Il y a quelques zones où la route est plus large et où on peut doubler, mais c'est assez rare, si vous voulez doubler, il faut donc affronter les voitures qui arrivent dans le sens inverse. Dangereux et j'aime pas trop ce genre de route, même en France, d'ailleurs, que ça soit Caro ou moi-même, quand on prend le bus pour Cape Coast ou Accra, ON A PEUR !! Les conducteurs ne font pas trop attention à ce qui arrive en face quand on double. Un virage !! Pas grave ! Une fin de côte !! pas grave !! On déboite, on se lance, et advienne que pourra ! Par contre, et de manière assez surprenante, il y a assez peu d'accidents sur ce type de route... Ca, c'est grâce à l'invention ! La route modulable !
Alors que vous pensez circuler sur une 2 voies, cette dernière est modulable à volonté en 3 voies. Comment ? La bande d'arrêt d'urgence pardi ! Si vous doublez, et qu'une voiture arrive en face, pas de panique ! Le véhicule que vous doublez va se décaler à moitié sur le bas côté de droite, celui qui arrive en face va faire de même, et comme par magie, vous passez à 3 ! C'est génial ! Et ca fonctionne hein ! Ca m'est déjà arrivé plein de fois, et on s'habitue tellement que ça fait même plus vraiment trop peur... bon, le seul risque, c'est que le conducteur que vous doublez n'aie par exemple pas de rétro, et qu'il ne se décale pas... Mais ça n'a pas l'air d'arriver bien souvent.

Finalement, après quelques temps, on s'habitue, et puis, quand on connaît un peu l'Italie (Sicile par exemple...) c'est pas vraiment mieux... A croire que plus on descend dans le sud, moins on conduit bien...

Voilà, veuillez m'excuser, j'ai l'impression que cet article est un petit peu décousu, mais il y a tellement à dire que j'ai dû sélectionner. La circulation routière, c'est quand même un sacré truc ici ! Et puis, après tout, c'est pas très académique, mais ça fonctionne. C'est bien ça le principal !


Aujourd'hui, ceux d'entre vous qui sont facebookés s'en sont rendus compte, c'est mon anniversaire, et l'anniversaire de Ghana Mbi par la même occasion. Allez, c'est le moment de faire un petit bilan.
Ghana Mbi vous a gratifié en 1 an exactement de 46 articles (47 avec celui-ci), vous êtes exactement 1000 personnes à avoir posé vos yeux sur mes écrits et avez visité le blog 2554 fois exactement. Alors, après tout, je ne peux finir que d'une manière :

MERCI !

Une bise à tous

Sylv et Caro