dimanche 29 avril 2012

Se déplacer à Kumasi!

Salut tout le monde !
Je reprends mes bonnes habitudes en passant une petite partie de mon dimanche sur Ghana-mbi, pour grand plaisir bien entendu !

En vous racontant mes différentes aventures, je n'ai pas manqué d'aborder plusieurs fois le thème des transports en commun ghanéens. Le terme trotro vous est maintenant familier, par contre vous ne connaissez peut-être pas le taxi, laissez moi vous expliquer comment ça fonctionne.

Les taxis sont des voitures conduites par des « taxi drivers » et qui ont pour rôle d'embarquer des gens pour les déposer à leur destination. Tout cela contre rétribution financière, c'est bien entendu. En France, soyons clairs, le taxis c'est un truc de bourge ! Ou un truc d'alcoolique, aussi, c'est bien pratique pour rentrer chez soi après le dernier métro...
En tout cas, j'en avais un petit peu parlé sur Bangui-de-grand-chemin, en Afrique, le taxi, c'est bien pratique ! C'est évidemment un peu moins cher, et puis, on a beau dire ce qu'on veut du système africain, il y a certains trucs qui sont quand même mieux qu'en France, et le taxi en fait partie !

Ici, quand on grimpe dans un tacos, on a le choix entre 2 coures. Le « dropping », plus cher, qui t'emmène exactement là où tu veux aller. Et le « shared-taxi ». Le shared taxi, comme son nom l'indique est un taxi commun, avec une destination finale (un petit panneau posé sur la voiture indique le direction). La voiture fait le plein de passagers, et hop ! En route ! Pour les shared taxi, les prix sont en général assez fixes, et on a assez peu de chance de se faire arnaquer... Par contre pour les dropping, le prix d'une course dépend surtout de la tête du client, de sa faculté à négocier, et aussi un peu de sa couleur de peau, il faut bien l'avouer. Les différences ont tendance à baisser au fur et à mesure que je connais de mieux en mieux la ville, Mais en tout cas, avoir un prix correct prend vachement plus de temps que pour un ghanéen, ça c'est clair ! Quand je suis avec des amis ghanéens, ce n'est d'ailleurs jamais moi qui négocie (bien que j'adore ça, mais j'y consacrerai un article) !
Outre le prix, il y a un autre aspect à prendre en compte avant de monter dans un taxi ici, et bien sûr c'est : dans quel état est-il ?? Car non seulement ils conduisent comme des idiots (je vous en parlerai également), mais en plus, si votre voiture ne tient pas le choc, ça devient une grosse galère ! Il faut donc y faire un petit peu attention si vous voulez éviter les frayeurs, ou au moins les limiter... J'en ai fait une fois l'expérience il y a quelques mois, essayez de rouler de nuit sous un orage de fou sans phare ! Heureusement, on avait les essuie-glace, enfin... on les a eu au début du trajet... Cette dizaine de kilomètre qui me séparait de ma destination a sûrement été la plus longue de ma vie, mais j'ai une petit hésitation entre ces quelques kilomètres ou le trajet Cape-Coast/ Kumasi. Mais pour celui-ci, nous étions en trotro !

Le trotro d'ailleurs ! Parlons en un peu ! En fait, au Ghana aussi le taxi c'est un truc de bourgeois ! Car il y a mieux !! Beaucoup mieux ! Tels des jaguars en pleine chasse ils fendent les pistes kumasiennes a des vitesses folles ! Tels des serpents ils se faufilent entre les voitures ! Comme le plus élégant des oiseaux, il donne de la voix en emettant des « Tuuuuut Tuuuuuuut » pour se pavaner au milieu du trafic, bref, le trotro, c'est quand même vraiment vraiment l'top !
Allez, pour ceux qui rejoignent tout juste le blog, une petit explication !
Il s'agit simplement de minibus (en général une grosse douzaine de places), il s'agit du transport en commun le plus développé ici, et il y en a absolument de partout ! Ils partent en général d'une gare routière. Ce qui est assez drôle (et parfois super chiant), c'est qu'un trotro, comme un taxi collectif, ne part pas tant qu'il n'est pas plein ! Alors y a des moments où ça l'fait, ça se remplit super vite, mais à d'autres moments, c'est quand même un peu galère ! Et il peut arriver qu'on attende pendant une bonne demi-heure avant que le véhicule ne s'apprête à partir.
Alors qu'en France, nous avons notre chauffeur de bus, sensé tout faire (surveiller les compostages, conduire, régler les soucis dans le bus...), ici, ils se sont dit : « tiens, si on faisait faire une partie de ce travail par un autre ? » et ça a eu pour résultat la naissance du « mate » ! Le Mate est un fait une sorte d'assistant chauffeur, qui s'occupe du bon déroulement des opérations. Un peu comme une hôtesse de l'air en fait, mais en moins sexy... Ses fonctions sont très simples ! Il collecte l'argent des clients (et il peut difficilement nous entuber parce que c'est un prix fixe!), rend la monnaie, ouvre et ferme la porte coulissante lorsque les passagers veulent entrer et sortir, il joue aussi le rôle du petit panneau « arrêt demandé » que nous avons dans nos bus ! Pour demander au chauffeur de s'arreter, il sort la main par la fenêtre, et tape d'un coup sec sur le toit du trotro ! Et hop, comme par magie, le chauffeur s'arrête ! 2 coups sur le toit, et hop ! On est repartis ! Autrement dit le mate, c'est un peu l'homme à tout faire du truc, et y a un truc qu'il fait particulièrement bien : crier ! C'est aussi ça le rôle du mate ! Et dans chaque station où le trotro s'arrête, lorsqu'il n'est pas plein, le mate se met à hurler le nom de notre destination ! C'est cool, c'est distrayant quand on attend que le truc se remplisse, mais ça crée un super méga brouhaha quand il y a plein de trotros qui attendent ! C'est d'ailleurs ce qui fait le charme d'une station de trotro ! Et puis, ça peut parfois être dangereux, car un mate qui rameute les passager crie, mais fait aussi de grands gestes, souvent pour désigner son véhicule, et si vous passez derrière, parfois, PAF ! Une claque involontaire !
Je ne me lancerait pas dans des descriptions complètes de tous les trucs cassés que j'ai vu sur des trotros, mais en tout cas vous pouvez comprendre qu'ils ne sont pas tous en bon état ! Certains sont alimentés au fioul et fument donc comme des pompiers, certains ont le klaxon un peu enroué, et d'autre ont un trou dans le sol... Mais en général, ils roulent pas mal, et je n'ai pas souvent vu d'accident!

Voilà pour cette petite description, comme vous le voyez, même un petit trajet peut être une grande aventure ! En tout cas, il s'en passe toujours des belles dans ces véhicules, et peut être que si on avait en France des transports un peu moins grands que des métros de 15 wagons, on ferait plus attention les uns aux autres pendant qu'on se déplace... Une voiture sans bruit est vachement plus choquant qu'un métro sans bruit ! Et on papote ! Et puis, faut aussi dire qu'ici l'Iphone n'existe pas, il paraît que ça facilite vachement les contacts humains !

Bisous à tous, je pense souvent à vous et me renseigne vachement sur les affaires intérieures du pays ces derniers temps, Ca me fait d'ailleurs penser que cet article est peut-être le dernier que j'écrirai sous la présidence de NS. Et j'en profite pour faire mon emmerdeur :
VOTEZ !

Grosses bises à tous !

Sylv

Voilà un bel exemple de trotro à essayer d'éviter!

Un joli taxi, reconnaissable à ses ailes jaunes.

lundi 23 avril 2012

petit encas de toutes les heures!

Bonjour à tous!

Après quelque temps d'absence suite à la visite de ma petite famille, Ghana-mbi reprend son droit pour vous raconter encore une fois le Ghana.
Depuis la fin du mois de mars, il commence à pleuvoir assez régulièrement sur Kumasi. Pendant cette période, le sol est un petit peu boueux, l'air est encore plus humide que d'habitude, et une certaine catégorie d'arbres gonfle son feuillage jusqu'à devenir assez impressionnant. A travers ce feuillage, si on observe bien, on peut très rapidement distinguer un grand nombre de fruits verts, puis jaunes, qui pendent au bout des branches.
Ceux d'entre vous qui connaissent déjà ce climat et ce genre de pays savent de quoi je veux parler:
Eh oui! Depuis quelques semaines maintenant, les mangues ont fait leur apparition sur les marchés, pour le plus grand bonheur des petits... et des grands!

Alors pour ceux qui raffolent déjà de ce fruit en France, un petit voyage en zone tropicale s'impose réellement, car si on appelle "mangue" les espèces de trucs qui remplissent les étalages des grandes surfaces occidentales, il faut bel et bien trouver un autre nom à celles que l'on trouve ici!
rondes et jaunes, petites vertes et allongées, ou alors gigantesques, parfois même un petit peu rouges, elles ont à peu près les mêmes formes, plusieurs couleurs, en général la même texture, et surtout, surtout, elles suscitent toutes les mêmes réactions: "hmmmmmmmm!"

Car c'est incroyable, mais je crois que jamais je n'avais vu un fruit avoir autant de succès! Et ce succès est d'autant plus important qu'il y a des manguiers de partout et qu'il est très facile d'en trouver, même gratuitement! Sur la route entre ma maison et mon bureau, j'en croise 4, dont un dans mon jardin, et un autre pile en face de mon bureau, autant vous dire que je suis gâté, que je me régale, et qu'en même temps, je me marre! Car les gens aiment tellement ça qu'ils sont parfois prêts à tout pour quitter le pied de l'arbre avec les poches pleines!! Petite description des cueilleurs de mangues:

On a d'abord le flemmard. C'est celui qui passe au pied de l'arbre, scrutant le sol à la recherche d'un fruit mûre mais qui n'a pas explosé pendant sa chute. Très souvent, elles tombent assez vertes et murissent au sol. Mais dans ce cas, c'est une infernale course entre les fourmis, les oiseaux et les humains!! Lequel aura le dernier mot? Pour chaque fruit sa réponse! Malheureusement, si elles ne tombent pas vertes, elles tombent bien mûrent et dans ce cas, il est difficile d'en trouver une mangeable, ou au moins présentable...
Tant que je parle des chutes de mangues, prenez en compte le fait que le manguier peut-être potentiellement dangereux à cette période. Un fruit de 200g qui tombe de 5 ou 10m de haut, ça peut faire mal si ça vous tombe dessus, ou vous salir si ça vous tombe à côté!

On a ensuite l'astucieux: Pour lui, celles qui sont déjà sur le sol ne valent pas la peine, et il vaut quand même mieux les faire tomber soi-même! Déjà c'est plus funky, on l'a vraiment cueillie, on la mérite parce qu'on a fait un effort pour l'avoir, et en plus, et c'est vrai, elle est meilleure!
Pour cette personne, tous les outils sont bons pour déloger le sésame de sa branche, quelle que soit sa hauteur. L'outil habituel est le bambou, grand, solide, idéal finalement!! Pas tant que ça parce que plus il est grand, et moins il est rigide vers le haut, donc ça tangue! Et chercher à décrocher un petit fruit avec un bambou... c'est parfois un peu galère! D'autres utilisent des sortes de poutres, c'est plus pratique, mais vachement lourd....! Et j'avoue qu'il m'arrive parfois de bien me marrer quand je vois des étudiants en costard s'acharner sur l'arbre pour la petite gourmandise!

Vient ensuite le joueur de baseball. A quoi bon avoir un grand objet? On peut atteindre une grande hauteur avec petit objet, il suffit de le lancer!! Heureusement que la saison des mangues ne dure que quelques semaines, sinon ces gens là auraient, à l'image de Nadal, une épaule bien plus grosse que l'autre! Les projectiles sont divers, dépendant peut être du fait qu'on veut faire un tir de précision ou non... En tout cas, lorsque ce genre de personne a pris l'assaut du manguier, fuyez! Car tout y passe! Les bâtons, les cailloux, les mangues vertes sur le sol (et le flemmard n'est pas content...).

La dernière catégorie, la meilleure, la lauréate du "Ghana Mangue Contest": le Cascadeur!
En général le cascadeur est toujours accompagné d'un ou deux flemmards! La technique est claire, limpide, et sacrément efficace! Tellement efficace qu'on pourrait la considérer comme un peu égoiste: Le cascadeur monte dans l'arbre, sélectionne ses branches préférées, et, selon leur hauteur, les secouent avec les mains, ou parfois sautent même dessus! En bas, le flemmard attend que son pote risque sa vie pour pouvoir ramasser l'objet tant convoité! Et en général, il repart les poches bien pleines!

Voilà pour cette description, je vous avoue que lorsque je prends des petites pauses au travail, je me régale à regarder ces différentes techniques de cueillettes, et il m'arrive bien souvent de me foutre de la gueule des ceux qui s'y collent. En particulier les astucieux, qui fournissent souvent des efforts surhumains pour de petits résultats...

Sur ce je vous fais des bisous collants et je vais me brosser les dents, que ça soit en France ou au Ghana, la mangue reste un fruit très filandreux!

Sylv



mercredi 11 avril 2012

Sylvain l'africain

Vous connaissez tous Sylvain en France, dans sa vie de petit occidental. L’objectif de cet article est d’essayer de vous le décrire lorsqu’il est en Afrique.
Là, il est métamorphosé, encore plus volubile qu’en France (mais oui, c’est possible) mais il a un contact avec les autochtones de première qualité. Tout d’abord, il est ouvert, avenant, ceci facilite l’échange. Ensuite il prend le temps, discute, échange, est très tactile comme tout africain qui se respecte, ce qui plait et fait comprendre à son interlocuteur que celui avec qui il parle est son égal. Ceci n’empêche pas, quand on essaie de le truander, d’avoir un regard noir, glaçant qui fait comprendre à son vis-à-vis qu’il n’est pas un petit blanc qui va se faire avoir.
Quand on croise des enfants, il ne peut pas ne pas entrer en contact avec eux, il les appelle, leur fait un signe de la main, leur caresse la tête quand on les croise et du coup, ceux-ci sont estomaqués et sous le charme. Son discours, et je suis d’accord avec lui, est que pour ces enfants qui n’ont jamais vu de blancs, en croiser un qui est sympa, drôle, avenant leur permettra de penser positif envers notre race (ne me prenez pas pour un disciple de Guéant, mais je n’ai pas trouvé d’autre terme). Le plus amusant est, quand dans la rue, nous en croisons, souvent ceux-ci disent «obronni » ce qui veut dire « blancs ». Alors Sylvain, le plus naturellement du monde leur répond «obibini » ce qui veut dire « noirs ». Là, les enfants sont dans un premier temps médusés, puis ils partent le plus souvent dans un fou rire en se sauvant.
Dans sa vie de tous les jours, Sylvain est aussi un africain. Vous savez tous que ce n’est pas le roi du rangement, mais alors en Afrique, ça semble être pire. Il a la chance d’avoir Judith qui fait le ménage et la lessive, du coup, no problem, on entasse et elle fera.
Pour la nourriture, il est on ne peut plus cool, il est devenu un excellent cuisinier et nous a fait des plats locaux très bon. Par contre, il a pris des habitudes africaines, des bananes qui pourrissent avec plein de moucherons autour, ça ne le gêne pas. Alors que nous allions prendre «l’apéro », l’autre jour, nous avons eu droit à une arrivée de centaines de termites autour de la lampe. Ni une, ni deux, il en a attrapé quelques unes, leur a arraché les ailes et les a croquées comme de vulgaires apéricube. Nous pourrions vous donner d’autres exemples mais comme nous sommes invités sur ce blog, nous voulons ne pas mettre en colère son propriétaire.
Son côté cool trouve toute sa place dans ce continent, il s’y sent à l’aise, bien dans sa peau, n’est-ce pas ce que chaque homme cherche dans sa vie et s’il est bien ainsi, alors soyons tous contents pour lui et souhaitons tous qu’il en profite un maximum.