dimanche 19 février 2012

C'était il y a longtemps, plusieurs années, peut être plusieurs décennies. Tout se passait sereinement à l'université. Unity Hall, alors cité U réservée aux garçons étudiants étrangers, suivait l'exemple et ne posait aucun problème.
Tout a basculé quand une vendeuse de bananes, apparemment plus facile que les autres filles de l'université, a pris l'habitude de prendre du bon temps au sein de ce « hall » avec différents partenaires.. Lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était enceinte, elle se rendit donc à Unity pour annoncer la nouvelle à la personne qu'elle pensait être responsable ( étudiant nigérian dit-on). L'histoire raconte que cet étudiant lui tendit un cachet sensé régler le problème, et que notre vendeuse prit sans hésitation.
Quelques jours plus tard, un odeur désagréable se dégageait de la chambre de l'homme en question qui restait étrangement verouillée. Lorsque l'odeur devint insupportable, les voisins forcèrent la porte et découvrirent le corps en décomposition de la vendeuse alors que l'étudiant responsable s'était volatilisé. Choqués et ne sachant que faire, les étudiants jetèrent le corps derrière le bâtiment pour qu'on ne le trouve jamais.
C'est alors que commença une période bien difficile pour les habitants de Unity puisque parfois, sans aucune explication, des étudiants mouraient dans leur chambre. La culpabilité fut tout de suite attribuée à l'âme de la vendeuse de banane qui voulait se venger en fauchant des étudiants au hasard. Afrique oblige, on appela donc un marabout pour qu'il débarasse enfin Unity de ce malheur, et le verdict fut limpide :
« Construisez une statue à l'effigie de cette vendeuse et priez-y »
Cette statue a désormais un nom : ABWADIWA.

J'ai commencé l'article par « c'était il y a longtemps », laissez moi continuer ainsi :

C'était hier, c'est chaque semaine et chaque année. L'université a beaucoup changé désormais. Elle s'est agrandie, les « halls » ont poussé, et Unity Hall est restée la cité des garçons, mais les internationaux sont allés à Brunei, à l'opposé du campus. Ce sont désormais les gars ghanéens qui occupent les lieux. A l'arrivée à Unity, une statue trône devant l'entrée principale, mais ce n'est pas celle que vous croyez, au dessus de la porte principale, on trouve écrit en grandes lettres : « CONTI – POWER! » alors qu'on s'attendrait à y trouver écrit : « Unity Hall ».
« Conti-power! » ou autrement dit la mémoire de Unity Hall. Car C'est là-dedans que se reposent les restes de cette étrange aventure d'antan. Les « Continentals » sont l'association des habitants de Unity, à laquelle tout les habitants adhèrent d'office lorsqu'ils emménagent dans cette cité, et même s'ils sont désormais tous ghanéens, ils continuent de se faire appeler « continentals » en hommage à l'époque. Et ces continentals d'aujourd'hui perpétuent les traditions commencées à cause des paroles prononcées par le marabout.
En pénétrant dans la cité et en entamant la traversée de la cour intérieure, elle apparaît enfin à notre droite. ABWADIWA trône dans un des bassins de la cité. Et aujourd'hui encore, elle est la base de bien des rites.

Mais ces détails seront pour mon prochain article.

A bientôt

Bisous

PS, j'ai fait un effort, j'ai pris quelques photos

Un des bâtiments de la cité, l'autre lui fait face. Vous pouvez voir la scène, lieu de la cérémonie de vendredi soir. .

Le panneau qui indique la cité sur la route

Conti power!


La cour intérieure. Les parasols appartiennent aux quelques vendeuses de bouffe

La fameuse Abwadiwa.


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