dimanche 3 février 2013

Allez, rame, rame, rame!

Bonjour tout le monde.
Allez, j'ai pas été très sérieux depuis notre retour de vacances, et n'ai écrit qu'un pauvre petit article. Février sera plus productif ! Je l'espère en tout cas !
Comme je vous l'expliquais dans un article précédent, j'assure depuis juillet la fonction de coordinateur de la Maison Française de KNUST dans l'Université à Kumasi. La Maison Française étant une toute nouvelle structure, disons que je suis sensé essuyer les plâtres et faire des choses nouvelles, qui sont parfois quelque peu laborieuse.
Car la difficulté, ce n'est pas la Maison Française, mais l'Université ! On pourrait dire de manière respectueuse que ce n'est pas la machine la mieux huilée du monde. Pire ! Le Ghana (et une bonne partie de l'Afrique), ont eu l'excellente idée d'adopter le même type d'administration que nous, et ici aussi, alors que les règles et les lois font parfois office de décoration, la bureaucratie règne. Seul soucis : Les gens qui s'en occupent sont peut-être moins consciencieux... et le matériel moins efficace. Sans compter les coupures de courant. Ecoutez l'histoire d'un petit chèque, il illustrera bien ceci.
En juillet, lors de ma prise de fonction au sein de la Maison Française, il était prévu que l'ambassade de France me donne une petite somme d'argent, me permettant d'assurer le bon fonctionnement de la structure. Je me suis donc rapidement mis au boulot pour proposer un budget prévisionnel pour l'année universitaire à venir. Une fois ceci effectué, il a fallu que je me tourne vers l'université pour que le « Finance Office » (département en charge des pêpêtes à la fac) crée un compte « Maison Française » pour que l'argent puisse y être gardé. Finance Office a eu la très bonne idée de créer 2 comptes : le premier en euros, le deuxième en dollar. Hey, c'est assez comique puisque moi je suis au Ghana et que mes dépenses se feront donc en monnaie locale. Fort heureusement, un mail a suffi pour arranger les choses (la Maison Française a maintenant 3 comptes pour 3 devises!!). En tout cas, il fallait se dépêcher.
Quand tout était prêt du côté de l'université, on avait plus vraiment d'argent dans les caisses de l'ambassade, et on m'a demandé de patienter quelque peu... , août, puis septembre sont vite passés laissant place à octobre, et moi, j'avais besoin d'argent. Le compte était encore désespérément vide.
Un jour j'ai reçu un mail d'Accra : « c'est bon ! On balance le pognon ! ». Yiiiiha ! C'était fin-octobre, il était temps !
Après quelques jours, et confirmation qu'un virement avait été effectué sur le compte de l'université, j'ai contacté « Finance office » pour récupérer l'argent :
« aucun virement n'a été effectué » m'a-t-on dit
« bien sûr que si !! » l'ambassade m'a-t-elle répondu.
J'ai alors demandé à mon interlocuteur du Finance office s'il était bien certain de ce qu'il me disait, lui rappelant qu'il y avait plusieurs comptes...
« ah oui !! Touts mes excuses ! J'avais oublié de consulter le compte en ghana cédis ! » m'a-t-il finalement expliqué! Ouf ! J'avais eu chaud !
Avec l'assurance que l'argent était là, je pouvais enfin me permettre de sortir de mon bureau et de me rendre en personne auprès du Finance Office, pour obtenir des infos sur la manière dont je devais m'y prendre pour récupérer cet argent.
On m'a présenté quelqu'un qui s'occuperait de moi et m'expliquerait tout. Remarque, c'était plutôt simple, il suffisait que j'écrive une lettre adressée au « Finance Officer » pour lui demander de bien vouloir me donner la somme.
Le lendemain, j'étais à nouveau là bas.
« Ah, mais votre lettre, ça ne va pas monsieur »
« Bah, c'est exactement ce que vous m'avez demandé »
« Oui, mais bon, sur la lettre, nous on doit savoir ce que vous voulez faire avec cet argent »
(petit sourire) « c'est l'argent de l'ambassade, donné pour moi, vous n'être qu'intermédiaires »
« Non non, c'est comme ça ! Revenez avec une lettre expliquant les dépenses que vous comptez faire avec l'argent »

Le lendemain, j'étais à nouveau là- bas ! Prêt ! La lettre que j'avais entre les mains allait enfin me permettre de lancer les projets prévus depuis quelques mois déjà !
Ah bah non en fait ! Retour à la case départ. La personne qui s'occupait de moi avait oublié de me signifier un petit détail important :
« Ah, mais comme vous dépendez du Department of Modern Languages, vous ne pouvez pas prendre l'argent, c'est votre chef de département (Dr. Marfo) qui doit adresser la lettre au finance officer.
« Pu.... Commence à me gonfler cette histoire » ai-je pensé tout bas en quittant son bureau.

J'ai eu quelques difficultés à trouver Dr Marfo, je lui ai donc laissé un lettre lui expliquant qu'il devait faire une lettre au finance officer. Il a répondu à ma lettre par une autre lettre en m'expliquant qu'il avait rien compris et en me demandant de passer dans son bureau. Ce que j'ai fait. Après explications, il a tout pigé et a fait ce qui lui était demandé ! Cool ! A réception de la lettre du chef de département, le finance officer à répondu qu'il n'était pas au courant de cette somme d'argent (oui, vous comprenez, il est dans le bureau d'à côté... il peut pas tout savoir). Dans sa lettre, le finance officer demandait une preuve que cette somme avait été déposée pour la Maison Française... Heureusement, j'avais gardé les échanges de mails avec son collègue (vous savez, le mail où je lui demande de vérifier que le virement a été effectué alors qu'il m'assurait du contraire). Heureusement, ces échanges de mails accompagnés du justificatif de virement fourni par l'ambassade ont suffit. Dr Marfo pouvait alors faire les démarches.
Vous vous doutez que tout ca a pris quelque temps ! On était déjà début décembre !
« j'aurai l'argent avant noël ! » me suis-je stupidement dit.
Après quelques temps, Dr Marfo m'a confirmé qu'il avait envoyé la lettre, et que le processus était donc en court, qu'on aurait l'argent bientôt. Le petit chèque, qui était un peu feignant au départ à pas mal bougé à ce moment là ! Il a commencé par passer du « Finance Office » au « Budget Office ». Comme le temps passait, nous sommes partis en vacances... J'avais échoué, et l'argent ne servirait pas pour le 1er semestre de l'année universitaire.
En revenant au Ghana il y a quelques semaines, je me suis assuré que le chèque était bien au Budget Office. il a ensuite descendu un étage supplémentaire pour se retrouver au « Audit Office ». J'ai vérifié, il était là-bas avant qu'il n'arrive au « Cash Office ».
Le cash office, c'était la dernière étape. Je m'attendais à ce que le chef de département arrive rapidement avec une belle liasse de billets. Ca permettrait de lancer le deuxième semestre sur les chapeaux de roue !
Un jour, le chef m'a appelé. Il revenait du cash office. C'est bon ! J'allais enfin récupérer l'argent prévu pour septembre ! Je me suis vite rendu dans son bureau, avec la satisfaction du devoir accompli. J'ai frappé, me suis précipité à l'intérieur, et à voir la tête de Dr Marfo, quelque chose de pas cool se passait. Il a alors pris quelque chose sur son bureau, et me l'a tendu. Le cash office venait de lui faire... un chèque.
« C'est la Fac de sciences sociales qui doit encaisser ce chèque » lui a-t-on dit au cash office. « Voyez avec eux comment vous pouvez récupérer l'argent ».

Nous sommes maintenant le 2 février 2013. Nous en sommes pour l'instant à ce point là. J'en ai marre, mais ça va vite s'arranger, Je sais comment récupérer cet argent. A priori, c'est très simple. Tenez vous bien ! Je dois adresser une lettre à mon chef de département lui demandant de bien vouloir me donner la somme demandée. Sur cette lettre, je dois mettre un budget prévisionnel pour justifier des dépenses à effectuer. Le chef, une fois réception de cette lettre, devra écrire un courrier au « Dean of Social Science » pour lui demander de bien vouloir nous donner la somme que je demande.
Facile !!
Quoique.

Comme vous le voyez, tout est facile ici. Il faut comprendre ce qu'on nous conseille de faire, se douter que ça ne marchera pas, mais le faire quand même parce que ça prouve à tout le monde qu'on travaille bien ! Et puis, il faut écrire... Je maitrise absolument parfaitement les lettres administratives en anglais. C'est au moins ça ! Ah, et puis, si vous venez bosser ici un jour, soyez un peu patients !

Tout va bien pour nous, nous rentrons d'un week-end ressourçant à Accra. La vie à Kumasi reprend son cours. Tout va bien quoi !

De grosses bises de nous deux !

Sylv et Caro.

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